Editorial

La revue qui vous dit tout sur les coopératives d’habitation…

Edito

Chères lectrices, chers lecteurs,

presque tout le monde sait aujourd’hui ce que l’on entend par «empreinte carbone»… ou en a du moins vaguement entendu parler1.

Presque tout le monde (scientifiques en tête) s’accorde aujourd’hui à dire qu’il faut réduire rapidement et drastiquement ladite empreinte carbone pour éviter un désastre à l’échelle de la biosphère. Et pourtant, les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre (GES) continuent malgré tout d’augmenter: on n’a jamais extrait et brûlé autant de pétrole, de gaz et de charbon qu’aujourd’hui. Pire: nos industries, nos banques et nos gouvernements continuent de subventionner à coup de milliards de dollars la prospection et l’extraction des énergies fossiles. Quelque chose ne tourne plus rond, dans le monde idéalisé du PIB2 et de la croissance économique (lire page 34).

Presque tout le monde sent, ou pense, ou craint, qu’on va droit dans le mur. Mais pourquoi diable sommes-nous si peu enclins à agir pour sortir de l’ornière? Peut-être parce que, comme le disait l’économiste John Maynard Keynes il y a un siècle déjà, la difficulté est moins de comprendre les idées nouvelles que d’échapper aux idées anciennes. Ou peut-être simplement parce que c’est trop compliqué. Trop de choses qui se déglinguent en même temps. Trop de blocages psychologiques, trop de peurs, trop de fake news, trop de fausses bonnes idées, trop d’inégalités sociales, trop de spéculation immobilière, trop de va-t-en-guerre, trop d’urgence tue l’urgence, trop de trop.

Et dans la pagaille de plus en plus généralisée, on perd le nord, on parle de crises, et de crises de crises, on finit par agir à l’encontre de nos meilleurs jugements et du bien commun, en faisant exactement le contraire de ce qu’il serait bon de faire (comme nous le faisons aujourd’hui avec les GES). Les Grecs anciens connaissaient déjà cette contradiction, qu’ils ont baptisée: ACRASIE. «Je vois le bien, je l’approuve, et je fais le mal», écrivait Ovide dans son «Livre des Métamorphoses», au tout début du Ier siècle après JC. Sur ce point, l’humanité ne semble guère avoir évolué.

Dans ce contexte chahuté, la revue «Habitation» tente de faire la part entre l’utile et le futile, et fait tout pour donner une touche d’altruisme et d’optimisme à ses lectrices et à ses lecteurs, en partageant les secrets des bonnes pratiques constructives et du bien habiter ensemble. Afin de ne pas agir à l’encontre du bon sens dans le secteur immobilier et d’offrir un habitat digne et abordable à tout un chacun. Ainsi soit-il.

Très bonne lecture, et à bientôt, pour suivre les actualités sur www.habitation.ch

Patrick Clémençon

 

1 Pour faire court, l’empreinte carbone est une mesure des gaz à effet de serre (GES) d’origine anthropique, principalement dus à l’extraction et à la combustion d’énergies fossiles, dont les émissions de CO2 (principalement) altèrent méchamment les conditions climatiques de notre belle planète.
2 Produit intérieur brut, principal indicateur de la mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays.